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DE PHYSIQUE.

cette diminution, Newton chercha, d’après le mouvement connu de la lune dans son orbite, et d’après le rapport entre le rayon de la terre et celui de la même orbite, de quelle hauteur la lune, abandonnée à sa seule pesanteur, descendroit vers la terre, dans un instant déterminé : comparant ensuite cette hauteur avec celle qui mesure, pendant le même temps, la chute des corps près de la surface de la terre, il trouva que la loi de la pesanteur, en supposant que cette force s’étendît jusqu’à la lune, suivoit la raison inverse du carré des distances. Enfin, il généralisa ce résultat, en considérant le soleil comme le foyer d’une force qui se propage indéfiniment dans l’espace, et qui attire, suivant la loi dont nous venons de parler, tous les corps placés dans sa sphère d’activité, en même temps que ces corps exercent les uns sur les autres de semblables actions. Ce court exposé suffit pour faire entrevoir l’immensité du travail entrepris par Newton et par les illustres géomètres qui ont perfectionné sa théorie, pour déterminer les diverses modifications d’une loi si simple en elle-même et si compliquée dans ses résultats, pour démêler l’influence mutuelle des phénomènes, et résoudre le nœud par lequel chacun des détails tient à l’ensemble.

50. Cette force universelle, qui a fourni à Newton comme la clef de sa théorie sur le système du monde, a été souvent désignée par le mot d’attraction, qui n’exprime qu’un fait et non pas une cause ; mais la loi à laquelle ce fait est soumis, suffit à la théorie pour atteindre son but, puisqu’elle nous fait connoître la manière d’agir de la cause elle-même.