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DE PHYSIQUE.

qui se passe dans les phénomènes offerts par les molécules élémentaires des corps, sembloient indiquer une ligne de séparation entre la force qui sollicite ces molécules et celle qui régit les grandes masses de notre système planétaire.

55. Il y auroit cependant une manière de concilier les actions de ces deux forces, en adoptant une idée très-heureuse de Laplace, qui consiste à supposer que les distances entre les molécules des corps soient incomparablement plus grandes que les diamètres de ces molécules ; de manière que la densité de chaque molécule surpasse de beaucoup la densité moyenne de l’ensemble, ou celle qui auroit lieu si toute la matière des molécules étoit distribuée uniformément dans tout l’intérieur du corps. Suivant cette hypothèse, le contact donneroit une grande supériorité à la molécule attirante située dans ce même point, sur l’attraction à une distance finie du contact, conformément à l’observation ; et la scène des affinités rentreroit ainsi sous la dépendance de l’attraction planétaire. Plusieurs phénomènes, et entre autres l’extrême facilité avec laquelle les rayons de la lumière pénètrent les corps diaphanes dans toutes les directions imaginables, semblent être favorables à cette hypothèse. Les diversités que présentent les résultats de l’affinité dépendroient alors de la forme des molécules élémentaires. Mais nous sommes encore loin d’avoir acquis les connoissances nécessaires, pour être en état d’appliquer le calcul aux actions intimes que les corps mus par l’affinité exercent les uns sur les autres, et de manier cette branche délicate de physique avec l’ins-