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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

en simplifiant le tableau de la nature. L’espèce de refus que les physiciens ont fait pendant long-temps, et que quelques-uns font encore d’admettre de pareilles forces, ne vient que de la pente qu’ils ont à chercher, dans les effets naturels, des actions analogues à celles qu’exercent continuellement sous nos yeux les corps qui se choquent, et les différens mobiles qu’emploie notre mécanique. Comme ces actions ont lieu au contact et qu’elles nous sont familières, elles paroissent offrir à l’esprit des conceptions plus nettes, quoiqu’au fond l’impulsion, considérée attentivement, ait ses mystères comme l’attraction. On a accusé en conséquence les partisans des forces qui agissent à distance, de reproduire les qualités occultes des anciens philosophes. Cependant la différence est immense entre ces sympathies et ces antipathies, qu’il suffisoit de nommer pour que tout fût dit, et ces principes qui expriment des faits généraux dont le développement conduit au rapprochement de tous les autres faits qui en dépendent. Là tout restoit inconnu, pour le physicien : ici, en partant d’un fait général qu’il prend pour cause, il en déduit, par rapport à tout le reste, des connoissances claires et précises. Les qualités occultes plongeoient tous les phénomènes de la nature dans une obscurité profonde et impénétrable ; les forces admises par Newton les placent au milieu d’un espace bien éclairé, excepté dans un point, où se trouve un nuage qu’il n’a point été donné à l’œil du génie de pouvoir percer.

663. Passons à un autre effet qui a beaucoup d’analogie avec les précédens, et semble offrir une preuve directe de l’action des corps sur la lumière, dans les