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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

parvenu à cette distance, lorsque les images des fils tendus sur le papier étoient elles-mêmes nettement terminées : or à l’endroit où le rouge étoit devenu très distinct, le bleu ne se voyoit que confusément, de sorte que l’on apercevoit à peine les lignes qui le traversoient, et réciproquement le terme où le bleu ressortoit dans toute sa force, n’offroit qu’une image foiblement exprimée du rouge et des lignes noires auxquelles il servoit de fond. Ce second terme avoit lieu à une distance de la lentille moindre d’environ un pouce et demi que celle qui répondoit à la vision distincte du rouge ; et puisque l’incidence des rayons sur la lentille étoit la même dans les deux cas, il s’ensuivoit que les rayons bleus se réfractoient davantage que les rouges.

Il n’est pas nécessaire, pour le succès des expériences, que l’appareil soit disposé précisément comme il a été indiqué : par exemple, dans la première, on réussira de même en inclinant le prisme et le papier à l’horizon. Mais les positions adoptées par Newton sont celles où le phénomène marque davantage, et en général il a ramené toutes ses expériences à ces espèces de termes fixes, qui, par une manière d’opérer plus soignée et plus précise, conduisent à des résultats mieux prononcés. Newton ne prétend pas non plus que toute la lumière qui vient de la partie du papier colorée en bleu soit plus réfrangible que celle qui vient de la partie rouge. On verra dans la suite que chacune de ces deux couleurs est mêlée de rayons, qui sont eux-mêmes différemment réfrangibles ; mais ce mélange, qui n’est que léger, n’empêche pas que l’effet principal ne domine dans le phénomène.