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DE PHYSIQUE.

de se représenter ces objets tels qu’ils sont, et aux endroits où ils sont. Mais on concevra qu’il faut quelque chose de plus, si l’on fait attention que l’image qui se peint sur la rétine est une simple surface figurée et revêtue de couleurs, sans aucun reliefs, et que d’ailleurs elle n’est que le résultat de l’action qu’exercent sur l’organe les extrémités des rayons qui le touchent, et ne se rapporte pas d’elle-même aux extrémités opposées, où se trouve situé le corps qui est l’objet de la vision. Ces considérations avoient déjà fait conjecturer à plusieurs physiciens, qu’il existoit un intermédiaire qui nous servoit à lier les impressions produites par les rayons que les corps envoient à l’œil avec les modifications de ces corps eux-mêmes. Ils pensoient que c’étoit le tact qui instruisoit l’œil en quelque sorte, et qui nous aidoit à rectifier les erreurs dans lesquelles cet organe nous entraîneroit, s’il étoit abandonné à lui même. Mais personne n’a mieux développé que Condillac[1], les moyens que le tact emploie dans cette espèce d’enseignement, et c’est en partie d’après ce célèbre métaphysicien que nous allons essayer de les faire connoître.

756. Les premières leçons nous viennent des divers mouvemens que fait la main, qui a elle-même son image au fond de l’œil. Tandis qu’elle s’approche et s’éloigne successivement de cet organe, elle lui apprend à rapporter à une distance plus ou moins grande, à un lieu plutôt qu’à l’autre, l’impression qui se produit sur la rétine, d’après le sentiment que nous

  1. Traité des Sensations.