Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 2.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
290
TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

cependant nous ne voyons pas les objets doubles, parce qu’ayant reconnu, à l’aide du toucher, que tel objet étoit simple, en même temps que nous dirigions vers lui les deux axes optiques, et que ses deux images se peignoient sur des parties correspondantes des rétines, nous avons lié l’idée de l’unité d’objet avec le sentiment des mêmes impressions, et nous nous sommes accoutumés à identifier deux sensations qui se trouvoient, pour ainsi dire, à l’unisson l’une de l’autre. Mais si les axes optiques ne concourent plus vers un même point, comme lorsque nous pressons légèrement un œil de côté, avec la main, l’objet paroît double, et il est évident qu’alors les deux images ne tombent plus sur des parties correspondantes des rétines[1].

761. Il y a un autre angle dont la considération est importante, relativement aux phénomènes de la vision. Il est formé par les deux rayons qui, en partant des extrémités de l’objet, viennent se croiser dans la prunelle : on l’appelle angle visuel.

  1. On peut produire une illusion du même genre, qui ait sa source dans le sens du toucher. Si l’on fait croiser l’index par le doigt suivant, en sorte que celui-ci se rabatte vers le pouce, et qu’ayant placé un petit corps globuleux sous les extrémités des mêmes doigts, on le presse pour le mettre plus exactement en contact avec l’une et l’autre, on croira sentir deux globes. Dans ce cas, le doigt qui a été dérangé de sa position naturelle exerce une action qui, n’étant plus d’accord avec celle de l’autre doigt, donne naissance à une sensation qui semble se rapporter à un nouvel objet. On pourroit dire, en quelque sorte, que celui qui fait cette expérience louche des doigts.