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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

celle qu’il avoit devant les yeux ; tout lui paroissoit, semblable, excepté les mains, parce qu’il prenoit les instrumens du chirurgien pour des parties de ses mains. Il voulut faire un pas, et parut effrayé de ce qui étoit autour de lui. Il ne pouvoit accorder les sensations qu’il éprouvoit par la vue, avec celles que les mêmes objets avoient produites en lui par l’intermède du tact, et ce ne fut que par degrés qu’il parvint à distinguer et à reconnoître les formes, les couleurs et les distances[1].

Des Illusions d’Optique.

767. Nous avons déjà eu occasion de parler des erreurs dans lesquelles nos yeux nous entraînent lorsque les objets sont hors du cercle de nos observations ordinaires, et nous avons vu que, dans ce cas, nous nous trompons également sur les grandeurs et les distances. Une autre cause qui contribue encore à nous en imposer, est la diversité des positions que prennent les corps à notre égard, par une suite des mouvemens qui les transportent dans l’espace, ou de ceux que nous faisons nous-mêmes. Les circonstances qui déterminent ces erreurs, que l’on a nommées illusions d’optique, sont extrêmement variées ; la sphère qui les embrasse est immense ; elles s’étendent jusqu’aux vastes corps qui se meuvent dans les espaces célestes, et l’hypothèse relative à leur influence sur la manière dont plusieurs phénomènes planétaires s’offrent à notre observation, est

  1. Gazette Littéraire de l’Europe, 21 mars 1764.