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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

tique qui ont leur source dans le mouvement. Concevons d’abord un objet immobile, et un spectateur qui se meuve, par exemple, de gauche à droite, mais d’une manière insensible pour lui-même ; l’objet, dans ce cas, se trouvant situé toujours plus à gauche par rapport au spectateur, l’œil de celui-ci recevra la même impression que si, étant immobile, il avoit vu faire à l’objet un mouvement de droite à gauche ; en général, lorsque nous faisons des mouvemens sans nous en apercevoir, nous les rapportons en sens contraire aux objets qui nous environnent. Ainsi, lorsque nous sommes tranquilles sur un bateau qui se meut, nous voyons les arbres, les édifices et les autres objets venir à nous, passer devant nous ou s’éloigner, suivant que le bateau est emporté par des mouvemens opposés : c’est ce qu’un poëte célèbre a exprimé d’une manière pittoresque, lorsqu’il fait dire au navigateur qui sort de la rade, que les terres et les villes s’éloignent de ses yeux[1].

776. Supposons que le spectateur se croyant toujours en repos, fasse un mouvement représenté par AB (fig. 115, Pl. XVIII), tandis qu’un objet situé à une certaine distance parcourt ab. Dans cette hypothèse, Af sera le rayon visuel sur la direction duquel le spectateur verra l’objet au commencement du mouvement, et Bd celui sur la direction duquel il le verra à la fin du mouvement. Donc si telles sont les positions relatives et les longueurs des lignes AB, ab, que les deux rayons visuels se croisent en quelque point c, l’objet paroîtra

  1. Provehimur portu ; terraque urbesque recedunt. Virgil., AEn., lib. III, v. 72.
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