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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

fondée la construction de la chambre obscure dont nous donnerons, dans la suite, la description.

860. Il est aisé de juger que la lentille de l’expérience que nous venons de citer est à peu près, à l’égard du carton qui présente l’image de l’objet, ce qu’est le cristallin par rapport à la membrane qui tapisse le fond de l’œil et qui reçoit pareillement les images des objets. Seulement cette lentille agit seule pour produire l’image que l’on voit sur le carton, au lieu que les différentes humeurs de l’œil concourent avec le cristallin à la représentation des objets sur la rétine.

861. Les choses étant dans le même état, au lieu de supposer à l’endroit de l’image ab un carton sur lequel l’œil aperçoive cette image, comme sur un tableau, à l’aide des rayons qui se réfléchissent de ses différens points, supprimons le carton, et concevons que l’œil aille se placer lui-même derrière la lentille, pour voir immédiatement l’image de l’objet AB[1]. Il est d’abord évident qu’il ne pourra plus la voir par l’intermède des rayons fb, ha, etc., qui avoient servi à la lui rendre présente lorsqu’elle étoit peinte sur le carton, puisque les axes des cônes auxquels appartiennent ces rayons continuent de diverger, au lieu qu’il seroit nécessaire qu’ils convergeassent vers cet œil.

Aussi la simple observation de l’espèce de changement de scène qui a lieu dans ce cas, suffit-elle pour indiquer que les rayons eux-mêmes ont changé de route ; car on voit alors communément deux images de l’objet ;

  1. L’œil doit être situé, dans ce cas, au delà du foyer des rayons parallèles qui est de son côté.