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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

prismatiques, deviennent les objets immédiats de la vision. Euler concluoit de là que l’œil avoit toutes les propriétés d’un instrument capable de faire disparoître l’aberration de réfrangibilité ; il ne douta point que les différentes humeurs de cet organe ne fussent arrangées de manière qu’il n’en résultât aucune diffusion des foyers, et il jugea qu’en le prenant pour modèle, et en combinant, d’une certaine manière, des milieux de densités différentes, on parviendroit à construire des télescopes, à l’aide desquels les images auroient la même perfection que celles qui ont lieu, lorsque nous n’employons, pour voir les objets, d’autre instrument que l’œil lui-même.

891. Euler, en partant de l’idée que nous venons d’exposer, chercha les dimensions que devoient avoir des objectifs composés de verre et d’eau, pour imiter la combinaison qui a lieu naturellement par rapport à l’œil ; mais Dollond, savant opticien anglais, rejeta ces dimensions, parce qu’elles étoient fondées sur une loi de réfraction dont il soupçonnoit la vérité[1] : il essaya d’employer une loi différente, qui ne lui réussit pas. La discussion s’engagea de part et d’autre. Euler insistoit toujours sur la possibilité d’anéantir la diffusion du foyer par le procédé qu’il avoit indiqué. Dollond, de son côté, avoit fini par regarder la chose comme absolument impraticable, et il repoussoit, avec le nom et l’autorité de Newton, toutes les raisons qu’on lui opposoit. \

  1. Smith, Traité d’optique, p. 384, note 661.