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DE PHYSIQUE.

On conçoit donc comment il est possible de composer un objectif, en combinant des milieux de différentes densités, de manière que la lumière sorte de cet objectif sans aucune dispersion, tandis que l’effet de la réfraction, pour faire naître l’image dont nous avons parlé, subsistera encore.

Au moyen de cette combinaison, les rayons de chacun des pinceaux de lumière qui ont traversé l’objectif, se dirigent de manière à concourir sensiblement vers un même point de l’axe du pinceau, et à y former un foyer unique, par la réunion de tous les foyers particuliers. À la rigueur, il n’y a que les rayons rouges et les rayons violets dont les foyers se confondent exactement ; mais les petites aberrations qui existent encore dans les rayons intermédiaires sont en quelque sorte couvertes par la parfaite coïncidence des extrêmes.

898. Les deux substances dont on compose l’objectif des lunettes achromatiques sont, l’une le flint-glass, qui est une espèce de verre dans lequel il entre environ un tiers de minium, ou d’oxyde rouge de plomb, et l’autre le crown-glass, qui est de la nature du verre ordinaire employé par les vitriers. On a trouvé que la dispersion produite par le flint-glass étoit très-grande à l’égard de celle qui provenoit du crown-glass, à peu près dans le rapport de 3 à 2, tandis que sa réfraction moyenne surpassoit peu celle du même verre[1]. Dans

  1. Suivant les expériences de Clairault, le rapport de réfraction pour le rayon moyen est, dans le flint-glass, celui de 1,6 à 1, et dans le verre commun, celui de 1,55 à 1. Smith, Traité d’optique, p. 447.