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les dépaysés


L’INSTITUTRICE




La maison d’école s’élevait au milieu d’un champ. Elle produisait un assez piètre effet ainsi isolée des autres habitations. On l’avait bâtie dans un temps où une maison d’école était toujours assez bonne. C’est pourquoi elle était basse, chétive, sans souci d’architecture, les murs faits de grosses pièces de bois à l’état naturel, les fenêtres permettant à peine d’y faire de la ventilation, et encore moins, au soleil d’y entrer.

L’intérieur correspondait à l’extérieur. Il n’y avait qu’une seule pièce, avec, dans un angle, une petite tribune d’un pied de haut surmontée d’un mince pupitre ; un gros poêle fendu au centre, des crochets autour de la muraille où les enfants pussent pendre leurs effets, des bancs rugueux alignés de chaque côté, et près de la porte, sur un escabeau, un seau d’eau et une tasse de fer-blanc suspendue à une chaînette. Rien qui n’ornât cet intérieur, rien de joli qui permît aux enfants de se reposer les regards de ces murs gris dans les fentes desquels sortaient des mèches d’étoupe. Tout était réduit au plus strict nécessaire. Il fallait avant tout qu’une maison d’école coûtât peu cher. Les gens de cette localité aimaient pourtant leurs enfants, mais rien ne pouvait les convaincre qu’ils dussent être mieux logés que leurs animaux. On eut pu embellir ce petit nid à