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les dépaysés

buste, il la lui arracha des mains et la jeta dans un coin de la salle.

— Je vous somme de sortir, dit l’institutrice.

— Je sortirai si je veux, fut la réponse.

Elle répéta l’ordre. Soit qu’il la jugeât décidée à tenir son bout, soit qu’il crût l’occasion favorable d’aller se plaindre chez lui, il prit son chapeau en bougonnant, sortit claquant la porte derrière lui. Le temps d’aller chez lui et de revenir que sa mère arriva, essoufflée, en cheveux, rouge, furieuse. Elle ouvrit la porte sans frapper, et, les poings sur les hanches, elle donna libre cours à sa colère.

— Péronnelle ! Je voudrais bien savoir si c’est votre école ou la nôtre. De quel droit en chassez-vous nos enfants ?

— Madame, dit l’institutrice doucement, je crois qu’il vaudrait mieux que nous conduisions cette conversation ailleurs qu’ici en présence des enfants. Si vous voulez bien vous donner la peine de me suivre.

— Je suis bien ici. Je vous dirai votre fait à votre face pour qu’ils le sachent et vous connaissent. Si vous osez encore lever la main sur mon Jean, c’est à moi que vous aurez affaire.

— Madame, votre fils s’est conduit d’une façon fort déplacée à mon égard, je ne regrette pas les mesures que j’ai prises contre lui. Et j’avais raison de croire que c’était votre intérêt d’appuyer mon autorité, au lieu de venir me faire cette scène désagréable, qui la compromet beaucoup dans l’esprit de mes élèves.

— Il serait beau qu’on vous aide à bafouer nos enfants parce qu’ils crachent à terre ! Où voulez-vous donc qu’ils crachent ?

— Dans leur mouchoir, Madame.