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les dépaysés

O’Brien, lui-même auteur de beaucoup de talent, entreprit de réunir chaque année les vingt meilleurs contes et de les publier en volumes. À cela il ajoute une nomenclature détaillée de tous les contes que chaque magazine publie. Les meilleurs sont marqués de trois astérisques, les bons de deux, les assez bons de un, et les médiocres n’en ont pas. La moyenne des contes excellents est publiée à la fin du volume dans un tableau d’honneur. L’idée qui préside à leur choix comprend une double épreuve qu’on peut appeler l’épreuve du fond dans laquelle on étudie les faits, les incidents, et l’épreuve de la forme dans laquelle on examine la manière dont les matériaux sont tissés en une forme permanente et artistique. Cette méthode peut paraître école primaire et ne manque pas de surprendre un Français qui n’admet pas qu’on classifie ses lectures en premier, deuxième, troisième accessit, mais elle a produit un bien considérable aux États-Unis. Elle a stimulé les auteurs à écrire avec plus de soin ; a éveillé les éditeurs à la réalité, et les a forcés de choisir leurs contes avec plus de circonspection. Je ne dis pas que les vingt élus chaque année soient nécessairement les vingt meilleurs, ce serait un peu pénible pour les autres. Ils sont les meilleurs selon M. O’Brien qui a le goût sûr, et si on désapprouve quelque fois son choix on admet qu’il est généralement judicieux. Les revues ne lui ont pas épargné leurs sarcasmes. Entr’autres le périodique humoristique « Life », qui n’admet pas de dogmes littéraires, lui décoche de temps à autre des traits acérés. Encore tout récemment il contenait la boutade suivante qui était prise du « Chicago Literary Times » :