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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/18

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JUSTINE.

Bien vous en prend vraiment d’être l’un des plus beaux joueurs du royaume, car vous voilà ruiné.

— Il me reste ma terre des Vosges.

— Qui vaut ?

— Elle a coûté cinquante mille francs à mon père.

— Vous plairait-il de la jouer contre vingt mille écus ?

Pour toute réponse, le marquis de Melleran brisa convulsivement l’enveloppe d’un sixain de cartes, et une nouvelle partie s’engagea. M. de Melleran, qui s’efforçait de paraître calme, était dans un état difficile à décrire : une sueur froide ruisselait sur son front, ses dents se serraient de telle sorte qu’il ne pouvait parler, et, malgré le calme qu’il affectait, il était aisé de deviner, à l’agitation