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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/23

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DÉPRAVATION.

Chacun de ces singuliers adversaires reprit sa place à la table de jeu ; les chances furent égales d’abord ; mais la fortune, ce jour-là, semblait couvrir le comte de son égide ; il était invulnérable : le marquis perdit. Dès que le sort eut prononcé, ce dernier se leva ; une troisième métamorphose semblait s’être opérée en lui : il ne paraissait avoir ni colère, ni regrets, ni espérance ; ses muscles n’étaient plus contractés, son visage était calme.

— Monsieur le comte, dit-il, l’honneur est la dernière chose que puisse perdre un gentilhomme, et vous venez de m’en dépouiller ; mais je ne suis pas condamné en dernier ressort, et vous trouverez bon que j’en appelle à mon épée.

— Bien trouvé, marquis ! maintenant que vous m’avez remis tous vos titres de pro-