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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/34

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JUSTINE.

grin. Juliette, ardente et dissimulée, fut moins affectée de la mort du marquis que de la perte de sa fortune ; elle parvint cependant à verser quelques larmes devant les personnes qui vinrent leur annoncer cette double catastrophe ; mais sa douleur fut de courte durée.

— En vérité, dit-elle à Justine lorsqu’elles furent seules, tu as grand tort de te désoler si fort : ne sommes-nous pas jeunes et jolies ? J’ai entendu dire cent fois qu’il n’en fallait pas davantage pour être fêtée dans le monde. Pour moi, j’avoue que je vais me trouver bien heureuse en sortant de ce tombeau où je devais encore passer deux ans.

— Eh ! malheureuse, que feras-tu sans guide, sans appui ? Comment éviteras-tu les piéges tendus par le vice, et vers lesquels ton inexpérience te précipitera ?