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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/360

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JUSTINE.

qu’en pareil cas l’amour opère des prodiges. Le cœur d’une femme est un abîme de vices et de vertus qu’aucun moraliste ne peut sonder, un pays inconnu qui échappe aux investigations des plus hardis explorateurs. La même femme qui tremble à l’aspect du moindre danger montre tout-à-coup une énergie plus qu’humaine si le péril menace l’objet de ses affections : la femme est un assemblage de tous les contrastes, et c’est pour cela qu’elle approche tant de la perfection. Ce fut donc Justine qui répondit :

— Mon frère et moi, monsieur, ne connaissons cet homme que comme un acheteur auquel nous avons vendu quelquefois…

— Et auquel vous avez aussi, très-probablement, acheté certaines choses, interrompit le commissaire : car il est entré ici avec