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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/433

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UNE BONNE ACTION.

— Maintenant, mon garçon, dit-il, je sais de quoi il retourne : ta Juliette est une espèce de catin qui est devenue baronne avec cinquante mille francs de rente, pour avoir épousé un vieil imbécile qu’elle a mis sur les dents en huit jours, et qu’elle a fait enterrer trois mois après. C’est le comte qui avait fait ce mariage-là. Ce comte a quitté Paris depuis peu, à l’occasion de certaines peccadilles dont la rumeur publique l’accusait, et dont la justice avait l’air de vouloir se mêler : on prétendait qu’il avait aidé sa mère à mourir d’une attaque d’apoplexie qui avait le malheur de ressembler à un empoisonnement ; une fois on avait saisi sur lui, dans une soirée où l’on jouait un jeu d’enfer, des cartes biseautées qui lui avaient rapporté vingt mille francs en une heure. Le comte est l’amant de Juliette, il l’était avant le mariage de cette dernière ; il le fut pendant, et il l’est après. Dans tout ça je ne vois rien qui puisse t’effrayer : s’il avait voulu te