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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/576

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DÉCOUVERTE.

presque aussitôt, apportant de l’eau et un peu de vin. Georges avait ouvert les yeux ; il reconnut Guibard ; mais il n’avait que des souvenirs confus des derniers événemens dont sa mort avait failli être la suite. Le vieux évadé lui fit avaler quelques gouttes de vin et d’eau ; il renouvela la dose en l’augmentant de temps en temps ; mais il se garda bien de céder aux instances du jeune homme, qui le suppliait de lui abandonner la bouteille, afin qu’il étanchât la soif qui le dévorait, car il avait de l’expérience, ayant été appelé à être quelque temps infirmier au bagne.

— Je sais ce que c’est, mon garçon, lui dit-il, et je ne veux pas te faire mourir : or la moitié de ce vin que tu demandes suffirait maintenant pour achever l’ouvrage de ces animaux sans entrailles que tu as faits millionnaires, et qui te laissaient crever de faim pour t’en récompenser…

— Mon brave Guibard, je n’oublie pas