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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/643

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JUSTINE.

jeune Éléonore qui était placée vis-à-vis de moi ; la gentillesse, la naïveté de cette jeune fille faillirent dix fois me faire oublier ma royauté. Au dessert, la conversation s’anima ; M. de Kakerboc, sans cesser d’être respectueux, était devenu moins timide ; il hasarda quelques questions sur mon séjour à la tour du Temple, et en vint tout naturellement à parler de ma prétendue évasion ; je tentai d’improviser quelques détails sur cet événement ; mais comme je m’interrompais souvent pour me rafraîchir la mémoire avec d’excellent Madère, et plus souvent encore pour admirer la gentille Éléonore, je ne tardai pas à m’embrouiller ; tout était perdu si Risbac ne se fût hâté de venir à mon secours.

— Cet événement, dit-il avec cette voix ferme et accentuée qui s’accordait si bien avec l’ensemble de sa physionomie, est certainement unique dans les fastes de l’his-