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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/690

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LE BIEN ET LE MAL.

vine de cette femme me firent une vive impression. J’approchai et je reconnus ma maîtresse… Éléonore ! m’écriai-je… Figurez-vous ma douleur et ma rage, lorsqu’en tournant la tête elle jeta sur moi un regard dédaigneux, où se peignait le plus profond mépris, et m’ordonna de fuir en parlant bas à son cavalier. À cet instant, celui-ci leva la main ; mais, prompt comme l’éclair, je tirai mon poignard et lui perçai le cœur : l’infortuné tomba raide mort… Éléonore, que j’adorais encore, voulut m’échapper ; je la retins par le cou, j’étouffai ses cris et je lui plongeai, à plusieurs reprises, dans le sein le fer fumant encore du sang de mon rival. Je retournai cet instrument de mort dans les plaies avec une joie féroce, en murmurant : Parjure, reçois le prix de tes infidélités !… et je m’éloignai rapidement… À la lueur d’un réverbère, je remarquai mes mains rougies ; cette vue, au lieu de donner accès à un repentir, ne fit qu’enflammer mon âme ardente et