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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/737

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JUSTINE.

sister long-temps : elle raconta donc à l’avocat toutes les circonstances de l’assassinat de madame de Boistange ; car il ne s’agissait que de cela pour elle, l’instruction ayant démontré tout d’abord qu’elle était étrangère à l’affaire des faux billets. Le défenseur, qui tenait beaucoup à gagner ses deux mille francs, l’écouta très-attentivement ; puis il fit de tout cela un très-long mémoire, qu’il distribua à tout le monde, et que personne ne lut, comme cela arrive toujours. Mais il ne s’en tint pas là ; il vit madame de Boistange, lui parla avec entraînement, cita cent exemples de choses bien plus incompréhensibles que celles qui semblaient accuser l’orpheline et qui avaient été reconnues vraies. La conviction de la bonne baronne fut ébranlée ; il ne lui resta bientôt plus que des soupçons ; elle se rappela qu’en effet elle n’avait point vu le visage de l’assassin, mais seulement son habillement, et, dans le doute, elle résolut de faire une