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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/78

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JUSTINE.

pérant qu’enfin elle arriverait dans quelque ville où, à l’aide des talens qu’elle possédait, il lui serait possible de subvenir à ses besoins. Quant à sa famille, elle n’y pensait plus ; il lui semblait prouvé que la ruine du marquis ne lui permettait pas de compter sur leur appui ; et d’ailleurs ce n’était en général que des cousins au quatrième ou cinquième degré qu’elle n’avait jamais vus. Juliette seule était sans cesse présente à son souvenir, et elle versait des larmes bien amères en songeant que sa sœur, la seule amie qu’elle eût dû conserver, était perdue sans retour. Cette pensée l’empêchait de sentir toute l’étendue des souffrances qui l’accablaient.

Déjà elle avait perdu de vue le clocher de ce village où elle avait subi une nouvelle et cruelle épreuve de ce que la vertu malheureuse peut attendre des hommes, lorsque