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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/789

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JUSTINE.

femme à laquelle il pouvait tant accorder ; cette pensée blessa son amour-propre, heurta l’opinion que ses succès auprès des grisettes de Paris lui avaient donnée de son mérite.

— Mais c’est incroyable, se disait-il, il n’en faut pas davantage pour perdre un homme de réputation. Comment ! j’aurai eu en trois jours deux danseuses de la Gaîté et une comtesse au bal de l’Odéon ; toutes ces conquêtes ne m’auront coûté que quelques déjeuners, un ou deux spectacles, et cette petite précieuse me tiendra en échec pendant trois mois ! C’est vraiment par trop fort… Décidément, ma belle amie, nous allons vous pousser dans vos derniers retranchemens, je serai inexorable… Ce n’est qu’une fantaisie ; mais que diable ferait-on en province si l’on n’avait pas de ces fantaisies-là, ou si elles étaient toutes aussi difficiles à satisfaire ? Il est vrai que la difficulté