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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/91

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LE RÉFRACTAIRE.

moyennant une nourriture exécrable et une somme de cinq centimes par jour ?… Mon Dieu ! la mort la plus horrible n’est-elle pas préférable à une pareille vie ?… Eh bien ! c’est là le procédé qu’ils ont trouvé pour faire des héros !… L’héroïsme, cette grande et sublime exaltation de l’âme, ils veulent la clouer dans des corps sans âme ! ils défendent au soldat de raisonner, de sentir et de penser ; et, quand il est arrivé à ce beau résultat, qui en fait quelque chose de moins qu’une bête de somme, ils lui disent : Tu es un héros !… Et c’est parce que je ne veux pas être un héros de cette trempe, c’est parce que je suis un lâche selon eux, que je ne vous abandonnerai pas !

Justine, malgré les tortures physiques qu’elle endurait, éprouvait un plaisir indicible à écouter le jeune homme ; le son de cette voix faisait délicieusement battre son