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Page:Rabaut - Le vieux Cévenol, 1886.djvu/145

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le vieux cévenol.

nous obéissions à notre conscience, parce que nous ne la croyons pas erronée.

Mon cher ami, dit alors le plus âgé des voyageurs, ne poussez pas mes principes plus loin que je ne l’ai voulu, et surtout n’y joignez pas des conséquences que je n’adopte point. Remarquez bien que ce n’est pas le culte domestique que nous voyons établi sur toute la terre, mais bien le culte public. Tous les peuples ont eu des temples ou des rendez-vous religieux, dans lesquels l’adoration a pris une certaine forme. Le mal, chez ces peuples, n’a pas été d’avoir pris cette forme, mais d’avoir haï ceux qui, sans les consulter et sans les connaître, en avaient adopté une autre. Je regarderais comme un très grand malheur pour l’humanité que l’on fermât les temples et que l’opinion prévalût de n’adorer Dieu qu’en particulier.

— Vous me surprenez. Comment ? n’est-ce pas alors que l’on verrait enfin sur la terre cette paix que les théologiens en ont bannie ? plus de querelles religieuses, plus de ces guerres sacrées des hommes habillés de blanc contre les hommes habillés de noir ; plus de bannières dévotes pour rallier les persécuteurs ; plus de prétexte pour se faire persécuter, et par conséquent plus de ces maux qui ont désolé l’Europe pendant tant de siècles.

— Il est vrai, nous n’aurions pas ces maux, mais nous en aurions d’autres ; car telle est la faiblesse