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le vieux cévenol.

il semble que vos lois n’ont été faites que pour favoriser les mauvaises mœurs.

— Ce n’est pas mon affaire, et de plus habiles que moi trouvent cela fort bien. Je ne suis pas chargé de défendre nos lois ni de les réformer, et je ne vous dois que des conseils. Votre mariage n’est pas légal : il sera cassé ; votre fils sera illégitime, et il ne pourra point hériter des biens de sa mère ni des vôtres.

— Eh bien ! monsieur, je veux en courir le hasard ; au fond, ce n’est que de l’argent que je puis perdre, car mon honneur n’est point au pouvoir de la loi ; et pour la fortune et l’honneur de mon fils, je saurai bien les lui soustraire.

Ambroise se décida donc à défendre la mémoire de la vertueuse épouse qu’il pleurait, et l’état de son fils. Il se procura d’excellentes consultations de M. Élie de Beaumont ; de MM. Mariette et L’Oiseau ; de MM. Target et Gerbier ; de MM. Pas calis et Pazery d’Aix ; de MM. La Croix et Jamme de Toulouse ; il prit l’avis de M. Servan de Grenoble et de tout ce qu’il y avait de plus célèbres jurisconsultes dans le royaume. Tous décidèrent que les protestants étant obligés par les lois de rester dans le royaume, où il leur était permis de jouir de tous les effets civils, et, ne pouvant, comme protestants, demander ni obtenir la bénédiction nuptiale du prêtre, il ne leur restait, pour se marier, d’autre forme que celle des sociétés primitives ; que le consentement des parents et des