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mort de la femme d’ambroise.

Sur le matin, Ambroise fut fort surpris de voir entrer dans sa chambre un des convives de la veille ; il venait l’avertir que le vieillard, en se levant de table, était monté dans sa chaise de poste, et qu’il y avait tout lieu de croire qu’il était allé à Montpellier pour solliciter une lettre de cachet contre lui. L’Anglais (car Ambroise l’était plus que jamais) demanda ce que c’était qu’une lettre de cachet ? On le lui expliqua aussi intelligiblement qu’il est possible de le faire à un Anglais ; et Ambroise instruit partit dès le lendemain avec son fils pour l’Angleterre.

Arrivé à Londres, il fut visité de tous ses amis ; il versa quelques larmes avec eux ; il convint de bonne foi qu’il ne fallait pas juger d’une nation par ses livres ; et il jura de ne plus sortir de Londres. Il a tenu parole : parvenu à l’âge de cent trois ans, il a toujours conservé le libre usage de sa mémoire, où étaient gravées toutes les déclarations du roi et la longue liste des maux qu’elles lui avaient occasionnées. L’on dit pourtant que son dernier soupir s’est porté sur la France, et qu’il est mort en prononçant les noms de Henri IV et de Louis XVI.

FIN.