ardents dans leurs mains fermées. Chaque maison offrait des supplices différents, selon le génie inventif des convertisseurs. Ici, on plongeait les gens dans des puits ; là on leur lardait des épingles dans les ongles, ou on leur brûlait de la poudre à canon dans les oreilles. On mit à plusieurs les jambes nues dans des bottines pleines de graisse, et on les faisait chauffer devant un grand feu jusqu’à ce qu’ils tombassent en faiblesse. On frottait avec du sel et du vinaigre les plaies qu’on leur avait faites ; on leur faisait dégoutter du suif ardent dans leurs yeux ; et pour tout dire en peu de mots, ce que la barbarie humaine a pu inventer dans la longue suite des siècles se trouva réuni dans cette circonstance.
Toutes les lois de la pudeur et de la nature furent violées par des soldats effrénés auxquels on avait donné l’exemple et le signal de la plus éclatante injustice. Ordinairement[1], on ôtait aux mères leurs enfants, et on leur laissait le poids de leur lait dont elles restaient incommodées. D’autres fois on les attachait à la colonne du lit, on mettait leurs enfants à quelque distance d’elles, on les faisait languir plusieurs jours dans cette situation, et du supplice de l’enfant on faisait
- ↑ C’est le terme dont se servent les historiens du temps (Benoît, Histoire de l’édit de Nantes, t. V, p. 893 et suiv., p. 917). Si on a le courage de lire cet historien, on y trouvera une foule de traits que nous épargnons à la pudeur et à la sensibilité de notre siècle.