nement de persécuter les protestants a rallumé l’esprit d’animosité qui était presque éteint. Il se joint à cela un intérêt personnel, en ce que ces officiers chercheront à s’avancer à votre préjudice, et qu’il leur importera que vous soyez mis de côté. Enfin, mon fils, si vous prenez le parti du service, il faudra vous résoudre à exécuter un jour vous-même les horreurs sous lesquelles nous avons gémi, et qui ont jeté la désolation dans votre malheureuse famille. Vous voyez les troupes du roi inonder cette province. Un jour viendra où vous serez mis en garnison dans ces cantons désolés ; un supérieur barbare prendra plaisir à vous charger d’ordres sévères contre vos propres frères ; vous ne pourrez les exécuter sans gémir ; vous, brave homme, vous serez envoyé contre des gens désarmés ; vous ferez la fonction d’exécuteur et d’archer ; vous verrez vos soldats, qui ne devraient être employés qu’à repousser les ennemis de la patrie, s’acharner contre des vieillards, des femmes, de petits enfants ; spectateur forcé de ces barbaries, vous détournerez la tête en soupirant, et vous direz : « C’est ainsi qu’autrefois j’ai vu tourmenter ma propre famille ; voilà les maux auxquels mon vénérable père a lui-même succombé… »
Ambroise ne put soutenir cette image cruelle ; il jette un cri de douleur, prie sa mère de ne pas lui en dire davantage, et lui proteste qu’il renonce