Page:Rabbe - Album d’un pessimiste, I, 1836.djvu/63

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Au milieu des amertumes et des dégoûts de sa malheureuse existence, l’infortuné Alphonse Rabbe tournait sans cesse son espoir vers la mort qui pouvait seule l’en affranchir. La mort était devenue son culte de tous les jours, et il s’appliquait à la parer, afin d’avoir au moins une joie dans ce refuge et la perspective d’un avenir dans ce néant. Chaque sentence, chaque maxime, chaque réflexion où elle était représentée, sinon toujours comme un bienfait, du moins comme un soulagement ou plutôt une issue à l’enfer de la vie, était, par lui, recueillie religieusement et avec une sincère gratitude envers son auteur. C’était là la manne qu’il cherchait et dont il aimait à se nourrir ; c’étaient les fleurs du trépas qu’il glanait dans