Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/100

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confesser : les petitz moinetons coururent au lien on estoyt frère Iean, luy demandant en quoy il vouloyt qu’ilz luy aydassent, A quoy respondit, qu’ilz esguorgetassent ceulx qui estoient portez par terre. Adoncques laissans leurs grandes cappes sus une treille au plus près, commencèrent d’esguorgeter/ & achever ceulx qu’il avoit desià meurtryz. Sçavez vous de quelz ferremens ? A beaux gouetz, qui sont petitz demy cousteaux dont les petitz enfans de nostre pays cernent les noix. Puys à tout son baston de croix, guaingna la brèche qu’avoient faict les ennemys. Aulcuns des moinetons emportèrent les enseignes & guydons en leurs chambres pour en faire des iartiers. Mays quand ceulx qui s’estoient confessez vouleurent sortir par ycelle bresche, Le moyne les assomoyt de coups, disant ceulx cy sont confes & repentans, & ont guaigné les paronds : ilz s’en vont en Paradis aussy droict comme une faucille, & comme est le chemin de Faye. Ainsi par sa prouesse feurent desconfiz tous ceulx de l’armée qui estoient entrez dedans le clous iusques au nombre de treze mille six cens vingt & deux, Iamays Maugis hermite ne se porta sy vaillament à tout son bourdon contre les Sarrasins des quelz est escript es gestes des quatre filz Haymon, comme feist le moyne à l’encontre des ennemys avecq le baston de la croix.