Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/105

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pour moderer sa cholère tyrannicque luy offrent tout ce que ie pensoys luy povoir estre en contentement, & par plusieurs foys ay envoyé amiablement devers luy pour entendre en quoy, par quoy, & comment il se sentoyt oultragé, mays de luy n’ay eu responce que de voluntaire deffiance, & que en mes terres pretendoyt seulement droict de bien seance. Dont iay congneu que dieu eternel l’a laissé au gouvernail de son franc arbitre & propre sens, qui ne peut estre que meschant sy par grace divine n’est continuellement guydé : & pour le contenir en office & reduyre à cognoissance me l’a ycy envoyé à molestes enseignes. Pourtant mon filz bien amé le plus toust que faye pourras ces letres veues retourne à diligence secourir non tant moy (ce que toutesfoys par pitié naturellement tu doibs) que les tiens, lesquelz par raison tu peuz saulver et guarder. L’exploict sera faict à moindre effusion de sang que sera possible. Et si possible est par engins plus expediens, cautèles & ruses de guerre nous saulverons toutes les ames : & les renvoyerons ioyeux à leurs domiciles. Treschier filz la paix de Christ nostre redempteur soyt avecques toy. Salue Ponocrates, Gymnastes, & Eudemon de par moy. Du vingtiesme de Septembre, Ton père

GRANDGOUSIER.