Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/144

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des retz & des poches à prendre les connins. Iamais ie ne suis oisif. Mais or cza à boyre, boyre cza. Aporte le fruict. Ce sont chastaignes du boys d’Estrocz. Avecques bon vin nouveau, voy vo’là composeur de petz. Vous n’estiez encores ceans amoustillez ? Par dieu ie boy à tous guez, comme un cheval de promoteur. Gymnaste luy dist. Frère Iean houstez ceste rouppie que vous pend au nez. Ha ha (dist le Moyne) seroys ie en dangier de noyer ? veu que ie suis en l’eau iusques au nez. Non, non. Quare ? Quia elle en sort bien, mais poinct n’y entre. Car il est bien antidoté de pampre. Ô mon amy, qui auroit bottes d’hyver de tel cuyr : hardiment pourroit il pescher aux huytres. Car iamais ne prendroient eau. Pourquoy (dist Gargantua) est ce que frère Iean a si beau nez ? Par ce (respondit Grandgouzier) que ainsi dieu l’a voulu : lequel nous faict en telle forme & telle fin scelon son divin arbitre, que faitc un potier ses vaisseaulx. Par ce (dist Ponocrates) qu’il feut des premiers à la foyre des nez. Il print des plus beaulx & plus grands. Trut avant (dist le Moyne) scelon vraye Philosophie monasticque par ce que ma nourrice avoit les tetins moletz, en l’alaictant mon nez y enfondroit comme en beurre, & là s’enlevoit & croissoit comme la paste dedans la met. Les durs tetins des nourrices font les