les dens avecques un trou de Lentisce, se lavoit les mains & les yeulx de belle eau fraische : & rendoient graces à dieu par quelques beaux cantiques faictz à la louange de la munificence & benignité divine. Ce faict on aportoit des chartes, non pour iouer, mais pour y apprendre mille petites gentillesses, & inventions nouvelles. Lesquelles toutes yssoient de Arithmeticque. En ce moyen entra en affection de ycelle science numeralle, & tous les iours après disner & souper y passoient temps aussi plaisantement, qu’il souloyt es dez ou es chartes. A tant sceut d’ycelle & theoricque et practicque, sy bien que Tunstal Angloys, qui en avoit amplement escript, confessa que vrayement en comparaison de luy il n’y entendoit que le hault Alemant. Et non seulement d’ycelle, mais des aultres sciences mathematicques, comme Geometrie, Astronomie, & Musicque. Car attendans la concoction & digestion de son past, ilz faisoient mille ioyeulx instrumens & figures Geometricques, & de mesmes practiquoient les canons Astronomicques. Après se esbaudissoient à chanter musicalement à quatre et cinq parties, ou suz un theme à plaisir de guorge. Et au regard des instrumens de musicque, il aprint à iouer du luc, & l’espinette, de la harpe, de la flutte de Alemant et à neuf trouz, de la viole & de la sacqueboutte. Ceste heure ainsi employée, la digestion
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