Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/90

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sa personne, & notable bacchelier respondit doulcettement. Depuis quand avez vous prins les cornes, qu’estez tant rogues devenuz ? Dea vous nous en soulliez volentiers bailler, & maintenant y refussez ? Ce n’est pas faice de bons voisins, & ainsi ne vous saisons no’, quand vous venez roy achapter nostre beau froment : dont vo’faictes vos gasteaux & fouaces : encore s par le marché, vous eussions nous donné de nos raisins. Mais par la mer dé vous en pourriez repentir, & aurez quelque ieur affaire de nous, lors nous ferons envers vous à la pareille, & vo’en soubvieigne. Adoncq Marquet grand bastonnier de la confrérie des fouaciers, luy dist. Vrayment tu es bien acresté à ce matin : tu mengeas arsoir trop de mil. Vien czal vien cza, ie te donneray de ma fouace. Lors Forgier en toute simplicité aprochea tyrant un unzain de son baudrier : pensant que Marquet luy deust deposcher de ses fouaces, mais il luy bailla de son fouet à travers les iambes si rudement que nouz y apparoissoient : puis voulut gaigner à la fuyte : mais Forgier s’escrya, au meurtre, & à la force tant qu’il peut, ensemble luy gesta un gros tribard qu’il portoit soubz son estelle, & le attaince par la ioincture coronale de la teste, sur l’artère crotaphique, du cousté dextre : en sorte que Marquet tombit de dessus sa iument, mieulx