Page:Rabelais - Gargantua et Pantagruel, Tome II (Texte transcrit et annoté par Clouzot).djvu/112

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de banquet, de festin, de noces, de commérage, de relevailles, et en la taverne, pour faire quelque appointement, entendez[1], car jamais n’appointait les parties qu’il ne les fît boire ensemble, par symbole de réconciliation, d’accord parfait et de nouvelle joie : ut no. per doct. ff. de peri. et comm. rei. vend. l. i. Il eut un fils nommé Tenot Dendin, grand hardeau’et galant homme, ainsi m’ait Dieu, lequel semblablement voulut s’entremettre d’appointer les plaidoyants, et se nommait en ses titres : l’appointeur des procès. En cetui négoce tant était actif et vigilant (car vigilantibus jura subveniunt, ex l. pupillus…) qu’incontinent[2] qu’il sentait ut ff. si quand. pan. fec. l. Agaso. gl. in verbo, olfecit. i. nasum ad culum posuit, et entendait par pays être mû procès ou débat, il s’ingérait d’appointer les parties. Mais en telle affaire, il fut tant malheureux que jamais n’appointa différend quelconque, tant petit fût-il que sauriez dire. En lieu de les appointer, il les irritait et aigrissait davantage, et disaient les taverniers de Semerve que, sous lui en un an, ils n’avaient tant vendu de vin d’appointation (ainsi nommaient-ils le bon vin de Ligugé), comme ils faisaient sous son père en demi-heure.

« Advint qu’il s’en plaignit à son père, et référait les causes de ce meshaing[3] en la perversité des hommes de son temps, franchement lui objectant que, si on temps jadis le monde eût été ainsi pervers, plaidoyart, détravé[4] et inappointable[5] il, son père, n’eût acquis l’honneur et titre d’appointeur tant irréfragable, comme il avait. En quoi faisait Tenot contre le droit, par lequel est ès enfants défendu reprocher[6] leurs propres pères, per gl. et Bar., l. iij, § si quis…

« Il faut, répondit Perrin, faire autrement, Dendin, mon fils. Or, quand oportet vient en place, il convient qu’ainsi se fasse, gl. c. de appell. l. eos etiam. Ce n’est là que gît le lièvre. Tu n’appointes jamais les différends. Pourquoi ? Tu les prends dès le commencement, étant encore verts et crus. Je les appointe tous. Pourquoi ? Je les prends sur leur fin, bien mûrs et digérés. Ne sais-tu qu’on dit en proverbe commun : Heureux être le médecin qui est appelé sur la déclination[7] de la maladie ? La maladie de soi critiquait[8] et tendait à fin, encore que le médecin n’y survînt. Mes plaidoyeurs semblablement de soi-même déclinaient on dernier but de

  1. Comprenez bien.
  2. Aussitôt.
  3. Chagrin.
  4. Sans retenue.
  5. Inconciliable.
  6. Faire des reproches à.
  7. Décroissance.
  8. Avait sa crise.