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pauté et les sacro-saintes Décrétales. Parmi les douze juges qui siégeaient ce jour-là, figurait André Tiraqueau, l’ami Fontenay-le-Comte, celui que maître François appelait « le bon, docte, sage, tant humain, tant débonnaire et équitable ».

Nous voici à la fin de la carrière. L’incertitude qui entoure la naissance du grand Chinonais enveloppe ses dernières années. Tout porte à croire qu’elles furent troublées. Malade, (on n’en peut douter en voyant avec quelle ferveur il demande et souhaite la santé au début de son Quart livre), persécuté à la fois par les protestants et la Sorbonne, on ignore où il abrita ses derniers jours. Le bruit de son emprisonnement même parmi ses amis À la fin de 1552. Le 9 janvier 1553, il résigna ses cures, et le 9 avril 1553, selon un épitaphier manuscrit de l’église Saint-Paul, il mourut à Paris, dans une maison de la rue des Jardins.

Le cardinal du Bellay alla prendre à Rome sa dernière retraite sans son compagnon de vingt ans.


L’HOMME ET L’ŒUVRE


On ne chante pas impunément les plaisirs de la table et le libre exercice de toutes les fonctions naturelles.

Rabelais était à peine mort que Ronsard lui composait une épitaphe bachique qui allait fixer pour des siècles sa physionomie de Silène bouffon :

……………………………………
Jamais le soleil ne l’a veu
Tant fut-il matin qu’il n’eust beu,
Et jamais au soir la nuit noire,
Tant fut tard, ne l’a veu sans boire,
Car altéré sans nul séjour
Le gallant boivoit nuit et jour.

Mais quand l’ardante canicule
Ramenoit la saison qui brule,
Demi-nus se troussoit les bras,
Et se couchoit tout plat à bas
Sur la jonchée, entre les taces,
Et parmi les escuelles grasses