Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/127

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mouroient soubdainement. Es aultres tant fierement frappoyt par le nombril qu’il leurs faisoyt sortir les tripes. Es aultres parmy les couillons persoyt le boiau cullier. Croiez que c’estoyt le plus horrible spectacle qu’on veit oncques

Les uns cryoient : Saincte Barbe !

les aultres : Sainct George !

les aultres : Saincte Nytouche !

les aultres : Nostre Dame de Cunault ! de Laurette ! de Bonnes Nouvelles ! de la Lenou ! de Riviere !

les ungs se vouoyent à sainct Jacques ; les aultres au sainct suaire de Chambery, mais il brusla troys moys après, si bien qu’on n’en peut saulver un seul brin ;

les aultres à Cadouyn ;

les aultres à sainct Jean d’Angery ;

les aultres à sainct Eutrope de Xainctes, à sainct Mesmes de Chinon, à sainct Martin de Candes, à sainct Clouaud de Sinays, es reliques de Javrezay et mille aultres bons petitz sainctz.

Les ungs mouroient sans parler, les aultres parloient sans mourir. Les ungs mouroient en parlant, les aultres parloint en mourant.

Les aultres crioient à haulte voix : « Confession ! Confession ! Confiteor ! Miserere ! In manus ! »

Tant fut grand le cris des navrez que le prieur de l’abbaye avec tous ses moines sortirent, lesquelz, quand apperceurent ces pauvres gens ainsi ruez parmy la vigne et blessez à mort, en confesserent quelques ungs. Mais, ce pendent que les prebstres se amusoient à confesser, les petits moinetons coururent au lieu où estoit Frere Jean et luy demanderent en quoy il vouloit qu’ilz luy aydassent ?

À quoy respondit qu’ilz esguorgetassent ceulx qui estoient