Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/131

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feaulx serviteurs, fauldra il que je vous empesche à me y ayder ? Las ! ma vieillesse ne requerroit dorenavant que repous, et toute ma vie n’ay rien tant procuré que paix ; mais il fault, je le voy bien, que maintenant de harnoys je charge mes pauvres espaules lasses et foibles, et en ma main tremblante je preigne la lance et la masse pour secourir et guarantir mes pauvres subjectz. La raison le veult ainsi, car de leur labeur je suis entretenu et de leur sueur je suis nourry, moy, mes enfans et ma famille.

«  Ce non obstant, je n’entreprendray guerre que je n’aye essayé tous les ars et moyens de paix ; là je me resouls. »

Adoncques feist convoquer son conseil et propousa l’affaire tel comme il estoit, et fut conclud qu’on envoiroit quelque homme prudent devers Picrochole sçavoir pourquoy ainsi soubdainement estoit party de son repous et envahy les terres es quelles n’avoit droict quicquonques, davantaige qu’on envoyast querir Gargantua et ses gens, affin de maintenir le pays et defendre à ce besoing. Le tout pleut à Grandgousier, et commenda que ainsi feust faict

Dont sus l’heure envoya le Basque, son laquays, querir à toute diligence Gargantua, et luy escripvoit comme s’ensuit.