Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/258

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de ce, n’est aujourd’huy passé aulcun en la matricule de ladicte université de Poictiers, sinon qu’il ait beu en la fontaine Caballine de Croustelles, passé à Passelourdin et monté sur la Pierre levée.

En après, lisant les belles chronicques de ses ancestres, trouva que Geoffroy de Lusignan, dict Geoffroy à la grand dent, grand pere du beau cousin de la seur aisnée de la tante du gendre de l’oncle de la bruz de sa belle mere, estoit enterré à Maillezays ; dont print un jour campos pour le visiter comme homme de bien. Et, partant de Poictiers avecques aulcuns de ses compaignons, passerent par Legugé, visitant le noble Ardillon abbé, par Lusignan, par Sansay, par Celles, par Colonges, par Fontenay le Comte, saluant le docte Tiraqueau ; et de là arriverent à Maillezays, où visita le sepulchre dudict Geoffroy à la grand dent, dont il eut quelque peu de frayeur, voyant sa pourtraicture, car il y est en image comme d’un homme furieux, tirant à demy son grand malchus de la guaine. Et demandoit la cause de ce. Les chanoines dudict lieu luy dirent que n’estoit aultre cause sinon que Pictoribus atque Poetis, etc. ; c’est à dire que les painctres et poetes ont liberté de paindre à leur plaisir ce qu’ilz veullent. Mais il ne se contenta de leur responce, et dist : « Il n’est ainsi painct sans cause. Et me doubte que à sa mort on luy a faict quelque tord, duquel il demande vengeance à ses parens. Je m’en enquesteray plus à plein, et en feray ce que de raison. Puys retourna non à Poictiers, mais voulut visiter les aultres universitez de France ; dont, passant à La Rochelle, se mist sur mer et vint à Bourdeaulx, on quel lieu ne trouva grand exercice, sinon des guabarriers jouans aux luettes sur la grave. De là vint à Thoulouse, où aprint fort bien à dancer et à jouer de l’espée à deux