Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/337

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quelque peu de la bouche, et avecques le plat de la main dextre frappoit dessus, faisant en ce un grand son et parfond comme s’il venoit de la superficie du diaphragme par la trachée artere, et le feist par seize foys.

Mais Thaumaste souffloit tousjours comme une oye.

Adoncques Panurge mist le doigt indice de la dextre dedans la bouche, le serrant bien fort avecques les muscles de la bouche. Puis le tiroit, et, le tirant, faisoit un grand son, comme quand les petitz garsons tirent d’un canon de sulz avecques belles rabbes, et le fist par neuf foys.

Alors Thaumaste s’escria :

Ha, Messieurs, le grand secret ! Il y a mis la main jusques au coulde.

Puis tira un poignard qu’il avoit, le tenant par la poincte contre bas.

À quoy Panurge print sa longue braguette et la secouoit tant qu’il povoit contre ses cuisses ; puis mist ses deux mains, lyez en forme de peigne, sur sa teste, tirant la langue tant qu’il povoit et tournant les yeulx en la teste comme une chievre qui meurt.

Ha, j’entens, dist Thaumaste, mais quoy ? faisant tel signe qu’il mettoit le manche de son poignard contre sa poictrine, et sur la poincte mettoit le plat de la main, en retournant quelque peu le bout des doigts.

À quoy Panurge baissa sa teste du cousté gauche et mist le doigt mylieu en l’aureille dextre, eslevant le poulce contremont. Puis croisa les deux bras sur la poictrine, toussant par cinq foys, et à la cinquiesme frappant du pied droit contre terre. Puis leva le bras gauche, et, serrant tous les doigtz au poing, tenoit le poulse contre le front, frappant de la main dextre par six foys contre la poictrine.

Mais Thaumaste, comme non content de ce, mist le poulse de la gauche sur le bout du nez, fermant la reste de ladicte main.

Dont Panurge mist les deux maistres doigtz à chascun cousté