Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/91

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Domine ; il y a dix huyt jours que je suis à matagraboliser ceste belle harangue : Reddite que sunt Cesaris Cesari, et que sunt Dei Deo. Ibi jacet lepus.

«  Par ma foy, Domine, si voulez souper avecques moy in camera, par le corps Dieu ! charitatis, nos faciemus bonum cherubin. Ego occidi unum porcum, et ego habet bon vino. Mais de bon vin on ne peult faire maulvais latin.

«  Or sus, de parte Dei, date nobis clochas nostras. Tenez, je vous donne de par la Faculté ung Sermones de Utino que, utinam, vous nous baillez nos cloches, Vultis etiam pardonos ? Per diem, vos habebitis et nihil poyabitis.

«  O Monsieur Domine, clochidonnaminor nobis ! Dea, est bonum urbis. Tout le monde s’en sert. Si vostre jument s’en trouve bien, aussi faict nostre Faculté, que comparata est jumentis insipientibus et similis facta est eis, psalmo nescio quo… Si l’avoys je bien quotté en mon paperat, et est unum bonum Achilles. Hen, hen, ehen, hasch !

«  Ça ! je vous prouve que me les doibvez bailler. Ego sic argumentor :

«  Omnis clocha clochabilis, in clocherio clochando, clochans clochativo clochare facit clochabiliter clochantes Parisius habet clochas Ergo gluc.

«  Ha, ha, ha, c’est parlé cela ! Il est in tertio prime, en Darii ou ailleurs. Par mon ame, j’ay veu le temps que je faisois diables de arguer, mais de present je ne fais plus que resver, et ne me fault plus dorenavant que bon vin, bon lict, le dos au feu, le ventre à table et escuelle bien profonde.

«  Hay, Domine, je vous pry, in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, amen, que vous rendez noz cloches, et Dieu vous guard de mal, et Nostre Dame de Santé,