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chapitre xxxiii

ques commendement riguoureux à vn chaſcun marié, de le reuerer & honorer, celebrer ſa feſte à double : & luy faire les ſacrifices ſuſdictz. Sus peine & intermination, que à ceulz ne ſeroit meſſer Coqüage en faueur, ayde, ne ſecours, qui ne l’honoreroient comme eſt dict : iamais ne tiendroit de eulx compte : iamais n’entreroit en leurs maiſons : iamais ne hanteroit leurs compaignies : quelques inuocations qu’ilz luy feiſſent : ains les laiſſeroit eternellement pourrir ſeulz auecques leurs femmes ſans corriual aulcun : & les refuyroit ſempiternellement comme gens Hæreticques & ſacrileges. Ainſi qu’eſt l’vſance des aultres Dieux, entiers ceulx qui deuement ne les honorent : de Bacchus, enuers les vignerons : de Ceres, enuers les laboureux : de Pomona, enuers les fruictiers : de Neptune, enuers les nautonniers : de Vulcan, enuers les forgerons : & ainſi des aultres. Adioincte feut promeſſe au contraire infallible, qu’à ceulx, qui (comme eſt dict) chommeroient ſa feſte, ceſſeroient de toute negociation, mettroient leurs affaires propres en non chaloir, pour eſpier leurs femmes, les referrer & mal traicter par Ialouſie, ainſi que porte l’ordonnance de ſes ſacrifices, il ſeroit continuellement fauorable : les aymeroit, les frequenteroit, ſeroit iour & nuyct en leurs maiſons : iamais ne ſeroient deſtituez de ſa præſence. I’ay dict.

Ha, ha, ha, (diſt Carpalim en riant) voyla vn remede encores plus naïf que l’anneau de Hans Carüel. Le Diable m’emport, ſi ie ne le croy. Le naturel des femmes eſt tel. Comme la fouldre[1] ne briſe & ne bruſle, ſinon les matieres dures, ſolides, reſiſtentes : elle ne ſe arreſte es choſes molles, vuides, & cedentes : elle bruſlera l’eſpée d’aſſier, ſans endommaiger le fourreau de velours : elle conſumera les os des corps

  1. Comme la fouldre. Plutarque, Propos de table, IV, 2.