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chapitre xlv

loit ſon laurier domeſticque. Ainſi dict Lampridius[1] que l’empereur Heliogaballus pour eſtre reputé diuinateur, par pluſieurs feſtes de ſon grand Idole, entre les retaillatz fanaticques branſloit publicquement la teſte. Ainſi declare Plaute en ſon Aſnerie[2], que Saurias cheminoit branſlant la teſte, comme furieux & hors du ſens, faiſant paour à ceulx qui le rencontroient. Et ailleurs[3] expoſant pourquoy Charmides branſloit la teſte, dict qu’il eſtoit en ecſtaſe. Ainſi narre Catulle en Berecynthia & Atys du lieu, on quel les Mænades femmes Bacchicques, prebſtreſſes de Bacchus, forcenées, diuinatrices, portantes rameaulx de Lierre, branſloient les teſtes. Comme en cas pareil faiſoient les Gals eſcouillez prebſtres de Cybele, celebrans leurs offices. Dont ainſi eſt dicte ſcelon les antiques Theologiens : car Κυϐιστᾶν ſignifie, rouer, tortre, branſler la teſte, & faire le torti colli. Ainſi eſcript T. Liue[4], que es Bacchanales de Rome, les homes & femmes ſembloient vaticiner à cauſe de certain branſlement & iectigation du corps par eulx contrefaicte. Car la voix commune des Philoſophes, & l’opinion du peuple eſtoit, vaticination ne elire iamais des cieulx donnée ſans fureur & branſlement du corps tremblant & branſlant, non ſeulement lors qu’il la receuoit, mais lors auſſi qu’il la manifeſtoit & declairoit. De faict Iulian[5] Iuriſconſulte inſigne quelques foys interrogé, ſi le ſerf ſeroit tenu pour ſain, lequel en compaignie de gens fanaticques & furieux, auroit conuerſé, & par aduenture vaticiné, ſans toutesfoys tel branſlement de teſte, reſpondit eſtre pour ſain tenu. Ainſi voyons nous de præſent les precepteurs & Pædagoges eſbranſler les teſtes de leurs diſciples (comme on faict vn pot par les anſes) par vellication & erection des aureilles

  1. Lampridius. « Jactavit… caput inter præcisos phanaticos. » (Vie d’Héliogabale, 7)
  2. En ſon Aſnerie. — Aſinaria, II, 3 :

    Quassanti capite incidit.

  3. Et ailleurs. — Trinummus, sc. dern. :

    Quid cassas caput ?

  4. Ainſi eſcript T. Liue. « Viros veluti mente capta cum jactitatione fanatica corporis vaticinari. » (Liv. XXXIX)
  5. Iulian. Ainsi dans toutes les éditions, mais c’est Vivian qu’il faut lire. Voyez Pandectes, liv. XXI, tit. I, De ædilitio edicto.