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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/451

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chapitre xlix

ment qu’encores eſt mon eſtomach ieun. Car ayant treſbien deſieuné, & repeu à vſaige monachal, ſi d’aduenture il nous chante de Requiem, ie y euſſe porté pain & vin par les traictz paſſez[1]. Patience Sacquez, chocquez, boutez, mais trouſſez la court, de paour que ne ſe crotte[2] & pour aultre cauſe auſſi, ie vous en prye.



  1. Ie y euſſe porté pain & vin par les traictz paſſez. On portait encore il y a quelques années, dans certaines provinces et même dans quelques paroisses de la banlieue de Paris, un pain et une bouteille de vin aux messes d’enterrement en manière d’offrande, peut-être, suivant la remarque de Burgaud des Marets, à cause de ces paroles de Tobie à son fils : « Placez votre pain et votre vin sur la tombe du juste. » On faisait cela « pour les trépassés. » Frère Jean dit que s’il avait déjeuné avant le service, il aurait porté le vin « par les traictz paſſez » dans son gosier.
  2. Trouſſez la court, de paour que ne ſe crotte. Dans la Paſſion de Ieſus Chriſt à perſonnages, p. 53, saint Jean dit au bourreau qui va le décapiter :

    Accorde que face oraiſon
    A Dieu, par penſée deuote.
    Grongnart, bourreau.
    Fay le donc court, que ne ſe crote.