Comment en l’Iſle ſonnante n’eſt qu’vn Papegaut.
Chapitre III.
ors demandaſmes à maiſtre Aeditue veu la multiplication de ces venerables oiſeaux en toutes
leurs eſpeces, pourquoy là n’eſtoit qu’vn Papegaut. Il nous reſpondit que telle eſtoit l’inſtitution premiere, & fatale deſtinee des eſtoilles. Que des Clergaux naiſſent les Preſtregaux & Monagaux ſans compagnie charnelle,
comme fait entre les abeilles d’vn ieune toreau
accouſtré ſelon l’art & pratique d’Ariſtæus[1]. Des
Preſtregaux naiſſent les Eueſgaux, d’iceux les beaux
Cardingaux, & les Cardingaux ſi par mort n’eſtoient
preuenus finiſſoient en Papegaut : & n’en eſt ordinairement qu’vn, comme par les ruches des abeilles
n’y a qu’vn roy, & au monde n’eſt qu’vn ſoleil.
Iceluy decedé en naiſt vn autre en (on lieu de toute la
race des Cardingaux, entendez touſiours ſans copulation charnelle. De forte qu’il y a en celle eſpece
vnité indiuiduale, auec perpetuité de ſucceſſion, ne
plus ne moins qu’au Phœnix d’Arabie. Vray eſt
qu’il y a enuiron de deux mil ſept cens ſoixante
- ↑ Ariſtæus. Voyez Virgile, Géorgiques, liv. IV, v. 318. Ce passage est reproduit presque textuellement plus loin, p. 170.