la place les deux Caporions Colonnois auecques leurs gens embaſtonnez, aſſés mal en poinct. Puis ſuruindrent les Suiſſes de la garde du Pape auecques leur Capitaine tous armez à blanc, la picque au poing, bien en bon ordre, pour garder la place. Alors pour temporiſer & eſbacre l’aſſemblee magnifique, furent laſchez quatre terribles & fiers taureaux. Les premier & ſecond furent abandonnez aux gladiateurs & beſtiaires à l’eſpee & cappe. Le tiers fut combatu par trois grans chiens Corſes, auquel combat y eut de paſſetemps beaucoup. Le quart fut abandonné au long bois, ſauoir eſt picquees, partuſanes, halebardes, corſecques, eſpieuz Boulonnois : parce qu’il ſembloit trop furieux, & euſt peu faire beaucoup de mal parmy le menu peuple.
Les taureaux deſconfitz, & la place vuyde du peuple iusques aux barrieres, ſuruint le Moret archibouffon d’Italie, monté ſus vn bien puiſſant rouſſin, & tenant en main quatre lances liees & entees dedens vne, ſoy vantant de les rompre toutes d’vne courſe contre terre. Ce qu’il eſſaya, fierement picquant ſon rouſſin, mais il n’en rompit que la poignee, & s’accouſtra le bras en coureur buffonique. Cela fait, en la place entra au ſon des fifres & tabours vne enſeigne de gens de pied, tous gorgiaſement accouſtrez, armez de harnois presque tous dorez, tant picquiers qu’eſcoulpetiers en nombre de trois cens, & plus. Iceux furent ſuiuis par quatre trompettes, & vn eſtanterol de gens de cheual, tous ſeruiteurs de ſa Maieſté, & de la part Françoiſe, les plus gorgias, qu’on pourroit ſouhaiter : nombre de cinquante cheuaux, & d’auantage. Lesquelz la viſiere haulſee feirent deux tours le long de la place en grande alaigreſſe faiſans poppizer, bondir, & penader leurs cheuaux, vns