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la sciomachie.

tus en Monomachie, c’estadire homme à homme contre les tenans. Auquel fut respondu, que bien voluntiers le feroient. Le trompette retourné sortirent hors le chasteau deux hommes d’armes ayans chacun la lance au poing, & la visiere abbatue. Et se poserent sus le reuelin du fossé en face des assaillans. De la bande desquelz pareillement se targerent deux hommes d’armes, lance au poing, visiere abattue. Lors sonnans les trompettes d’vn costé & d’autre les hommes d’armes soy rencontrèrent piquans furieusement leurs dextriers : puis les lances rompues tant d’vn costé, comme d’autre, mirent la main aux espees, & soy chamaillerent l’vn l’autre si brusquement, que leurs espees volerent en pièces. Ces quatre retirez, sortirent quatre autres, & combatirent deux contre deux, comme les premiers : & ainsi consequentement combatirent tous les gens de cheual des deux bandes controuerses.

Ceste Monomachie paracheuee, ce pendant que les gens de pied entretenoient la retraite, son Excellence, & sa compagnie changeans de cheuaux reprindrent nouuelles lances, & en trouppe se presenterent deuant la face du chasteau : les gens de pied sus le flanc droit couuers d’aucuns rondeliers apportoient eschelles, comme pour emporter le fort d’emblee : & ia auoient planté quelques eschelles du costé de la porte, quand du chasteau fut tant tiré d’artillerie, tant ietté de mattons, micraines, potz, & lances à feu, que tout le voisinage en retondissoit, & ne voioyt on autour que feu, flambe, & fumee, auecques tonnoires horrifiques de telle canonnerie. Dont furent contraints les forains soy retirer, & abandonner les eschelles. Quelques soudars du fort sortirent souz la fumee, & chargerent les gens de pied forains de maniere qu’ilz